Violation des droits de l’homme au Tchad, 8 jeunes arrêtés et détenus dans des lieux secrets

Depuis le 21 juin 2025, huit (8) jeunes gens dont une fille, ont été arrêtés par les services de renseignement généraux au quartier Sabangali, dans la commune du 3ème Arrondissement, alors qu’ils étaient chez l’un de leur bien aimé, après une campagne d’évangélisation menée ce jour. A ce jour, personne ne connaît là où ils sont détenus. Les parents s’inquiètent. Pendant ce temps, les organisations des Eglises se murent dans un silence radio.

Christian Allahndiguissem

Au Tchad, au moment même que le climat social et sécuritaire s’effrite davantage, les droits de l’homme sont violés de plus en plus. Alors que des associations et d’autres acteurs ainsi que les citoyens réclamaient la libération de certains Tchadiens arrêtés, on apprend que d’autres sont encore arrêtés. En effet, le 26 juin 2025, il nous a été rapporté que 8 jeunes gens dont une fille, ont été arrêtés au quartier Sabangali dans la commune du 3ème Arrondissement de la ville de N’Djaména, dans le cadre d’une sortie d’évangélisation. La fille, Radianouba Louange, sera libérée à la veille de la composition de la deuxième série du baccalauréat.

A l’origine…

A écouter ceux qui avaient l’habitude d’œuvrer dans ce cadre, le Samedi 21 juin 2025, ces jeunes ont décidé de se rendre à Sabangali pour la proclamation de l’Evangile, après avoir fini le même travail à Kamnda et à Amtoukoui, dans la commune du 7ème Arrondissement. Chose faite. Selon les témoins, après avoir fini la prédication, ils se sont rendus dans une concession familiale d’un de leur compagnon,  le temps de prier ensemble avant de se séparer.  « C’est là qu’un camion Toyota de type militaire est venu les chercher pour le commissariat central (ex ministère des affaires étrangères) », a témoigné Tondé, frère dans l’œuvre.  

« Alerté, nous nous sommes rendus aussitôt au commissariat, malheureusement ils n’y étaient plus. Un agent de sécurité nous a confié sur place qu’un véhicule aux vitres fumées est venu les amener pour un endroit inconnu », poursuit-il.

Il précise que les huit jeunes, issus de différentes dénominations et Églises, s’organisent dans un cadre interdenominational pour propager au quotidien, l’évangile afin de gagner des âmes. Ce sont Djenaissede Franklin, Djerabé Jean-Claude, Mbaihodoum Francis, Selgué Tchanandeu, Askemdjim Adolphe, Radianouba Louange, David Berneal et Mbaïamnoudji Patrick. Ils sont entre autres, de l’Eglise ADC, ADT, EET et de l’Eglise la Puissance de la résurrection, apprend-on. Radianouba Louange, l’unique fille d’entre eux, a composé le baccalauréat session de juin 2025.

Que leur reproche-t-on ?

A ce jour, aucune information officielle n’a été donnée à leur sujet. Mais selon les indiscrétions, on les soupçonnait d’être des espions, envoyés par Les Transformateurs pour mener des campagnes de sensibilisation, en vue de semer des troubles, dans le cadre d’une mobilisation pour réclamer la libération de celui-ci. « Le chef de carré aurait appelé les ANS pour dénoncer ces jeunes, les accusant d’être les membres du Parti Les Transformateurs et qu’ils étaient en caravane de sensibilisation pour le compte du Parti », a laissé entendre l’un de leurs compagnons d’œuvre qui rejette avec véhémence, des accusations, « non fondées », appelant les autorités à prendre leur responsabilité, et de se focaliser sur de vrais problèmes du pays pour le bien-être de tous et le développement du Tchad, plutôt que de persécuter des jeunes innocents. «C’est un enlèvement et non une simple arrestation. Que le gouvernement agisse pour faire la lumière sur ce cas », déplorait un membre de la famille de l’un d’entre eux.

Les Parents sortent du silence

Fatigués d’attendre, ne pouvant plus supporter l’absence de leurs progénitures pendant bientôt un mois, et vu le silence qui s’observe autour de cette arrestation arbitraire, les parents de ces huit jeunes ont réagi ce 14 juillet 2025 pour exprimer leurs inquiétudes et affection parentale, quant à l’état dans lequel ceux-ci sont détenus. A travers un communiqué signé conjointement, ils ont indiqué qu’ils sont jusque-là, sans nouvelle de leurs enfants, malgré les démarches entreprises auprès du Procureur  de la République et certaines Associations de défense des droits humains. « Nos démarches ont été vaines. Aucune traçabilité et aucune lueur d’espoir, pourtant certains de nos enfants ont de souci de santé », se lamentent-ils.

Ainsi, désarmés, ils demandent au gouvernement d’agir pour faire respecter les droits humains face à cette arrestation arbitraire. Ils sollicitent également que ces jeunes soient présentés à la justice, si jamais, ils ont commis une infraction, afin de répondre de leurs actes devant la loi, car il ne sert à rien de les mettre au cachot pour le plus grand désarroi des familles, déplorent-ils en concluant que, si jamais leurs enfants sont morts, que ceux qui les ont détenus leur remettent les corps pour les inhumer dignement et faire le deuil.

Peu importe ce qu’on leur reproche. Leur arrestation et surtout leur détention illégale n’honore pas le Tchad qui se réclame pays de droit et ne favorise pas non plus la paix sociale. Au stade actuel, face à la douleur de leurs parents, que les plus hautes autorités entendent raison. L’essentiel est de les présenter à un juge pour les écouter afin que la lumière soit faite sur cette affaire. C’est la moindre des choses pour éviter le pire. Aussi, la Commission nationale des droits de l’homme (Cndh), bien que acquise à la cause du pouvoir, ne doit plus continuer dans son mutisme face à ce  nième cas de violations des droits de l’homme. Les autres organisations de défense des droits de l’homme, véritablement indépendantes, ainsi que les Associations des Eglises sont également interpellées.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com