Une année rose en culture, sombre en sport

L’année qui est en train de s’écouler,  a été culturellement riche pour les artistes tchadiens. Cependant, elle a été aussi marquée par plusieurs compétitions au le plan national et international,  qui ont permis  aux sportifs tchadiens  de s’illustrer.

Abdoulaye MbataNder

Le sport et la culture sont toujours les parents pauvres du gouvernement tchadien. Ces secteurs, sous financés, ne survivent qu’avec l’appui des partenaires et grâce à la propre initiative de ceux qui sont du domaine.

Une année culturellement riche

Plusieurs festivals de musique ont vu le jour,  cette année. Il s’agit,  notamment du festival de musique et d’Entreprenariat Gondja Bass, du festival de Gala, et surtout,  du festival Au Cœur de l’Art qui a vu la participation du Burkinabé Smarty,  pour ne citer que ceux-là. Les festivals déjà existant ont également tenu  le pari. Entre autres, le festival Dary, ‘’KooGos’’ à Sarh, celui de la valorisation de la culture Kim,  ‘’Ne Kim Ma’’ à N’Djamena, ainsi que le festival de promotion des jeunes talents en musique dénommé ‘’News School Power’’ ont été  non négligeables en matière de culture. Il faut aussi souligner pour apprécier à sa juste valeur, la nouveauté apportée par le ministère de tutelle dans l’organisation de la fête de la musique,  en offrant une scène à tous les artistes et en impliquant les acteurs de la culture tels que les promoteurs culturels, les animateurs radios, les artistes managers etc. Toutefois,  la rémunération des artistes a constitué un véritable souci. Car, le partage sur la base d’ancienneté a occasionné des frustrations dans le camp des jeunes artistes.

Toujours en matière de réalisation, la 17ème édition le festival NDJAM Vi, placée sous le thème: « La culture comme outil de développement humain et social»,  a vu la participation de plus de 30 artistes d’ici et d’ailleurs. Malgré les difficultés liées au manque de partenaires et de sponsors, le festival s’est tenu avec faste. En 2024, N’Djamena a aussi vibré sous les rythmes des rappeurs,  venus de la France, du Cameroun, du Congo et autres pour la grande messe rapologique du festival ‘‘UrbanAct4’’, puis,  pour le ‘‘Tourasna Show Acte III’’ , avec la participation de la chanteuse ivoirienne Rocky Gold. Ce fut une belle expérience, malgré les difficultés qu’a rencontrées le promoteur.

2024, c’est aussi une année lumière pour certains artistes musiciens tchadiens qui ont effectué des tournées à travers le monde. A titre d’exemple, la tournée de l’artiste AfrotroniX en Europe et surtout,  invité spécial à Abidjan dans le cadre de PRIMUD, celle de Cidson Alguewi dans plusieurs pays d’Afrique. A verser dans ce chapitre, le lancement et la promotion de l’album d’Abdoulaye Nderngue intitulé “L’âme du blues”,  à travers un grand concert à l’institut français du Tchad. Hormis les festivals de musique, l’humour et le théâtre tchadien n’ont pas vraiment bénéficié de la promotion.

Les humoristes s’en sortent difficilement

Hormis les festivals de musique, l’humour et le théâtre n’ont pas vraiment bénéficié de la promotion. Des rendez-vous d’humour n’ont pas eu lieu faute de moyens. Tout de même, certains humoristes se sont donnés à fond pour valoriser cette discipline, à l’exemple de Cach-cach, Djigri Parterre, K2NA, Aladji Tawa ou MakoFiz,  qui se sont produits sur la scène du parlement du rire en Côte d’Ivoire. Bien d’autres, à l’intérieur du pays n’ont pas non plus baissé les bras. Et pour récompenser les efforts de ces derniers, MakoFiz et ses collègues ont organisé une soirée dénommée ‘‘Prix du rire’’,  à l’institut français du Tchad.

Le Cinéma Tchadien à l’honneur au Fespaco

Le 7ème  art a été, comme toujours,  à la traine. Mais ce qui a donné un peu de la joie en 2024, est la participation du Tchad au FESPACO,  au Burkina-Faso,  comme invité d’honneur, avec trois compatriotes qui ont fait partie du Jury, notamment, Maoundwoe Celestin, Youssouf Djaoro Et Coello. King Fara et plusieurs autres ont fait flotter le tricolore Tchadien à travers leurs plumes et leurs verbes.

La santé de la littérature tchadienne inquiète

Il y a manque criard d’évènements littéraires  en 2024. En réalité, la santé de la littérature Tchadienne inquiète toujours, en dépit de plusieurs jeunes auteurs et écrivains qui ont animé la scène en 2024. Heureusement, le souffle de l’harmattan, l’unique grand festival littéraire sur les 1.284 .000km²,  a été organisé avec un grand succès,  du fait des innovations. C’est aussi le cas du Mois de livre et de la lecture. Par ailleurs, il faut apprécier la tenue du festival littéraire Maoundoé Naindouba qui a eu  lieu à Moundou, malgré plusieurs difficultés. Il serait aberrant d’oublier la prouesse de certains écrivains tchadiens qui ont porté haut le flambeau de la littérature Tchadienne à international dont Attié Djouid Djaralnabi. Tout de même, la sphère littéraire tchadienne a besoin d’être renforcée par des évènements littéraires.

Dans tous les cas, on note la participation de plusieurs autres artistes à la soirée caritative de l’association Yalom en France,  à savoir Rolenzo, El presidenté 5 étoiles, Adjim Ebento, Maman Sobdibé, Bad Beach Man, Yasmine Abdallah, Docteur Mad et Moussa Aimé. MaoundoéCelestin, le groupe Ngonn Sar, Kdeux, Cidson et bien d’autres,  n’ont pas manqué l’occasion d’animer la scène musicale. En plus, plusieurs albums des artistes ont été produits, à l’exemple de Saint Fort,  alias Sappayo, Soul Peter, Alberto Benzen, Hono Solo et le chantre Prince Vidalo, sans oublier les maxi single de Small Chris, Queena, Triciana. Les multiples soirées et autres concerts organisés par les artistes Gospels ne sont pas non plus à omettre.

Il est aussi important de préciser qu’en 2024, le monde artistique a perdu le rappeur ROM’S ELONE et dernièrement, le promoteur culturel RIMTEBAYE DJELASSEM DANGAR.

Pour finir, il serait ingrat de ne pas reconnaître les efforts de l’Institut français du Tchad qui a beaucoup fait en 2024,  dans l’accompagnement des artistes, toutes disciplines confondues. C’est le lieu de déplorer le comportement de la tutelle qui ne se préoccupe pas des artistes et ne fait rien pour améliorer leurs conditions de vie. Pour rappel, les droits d’auteur de l’année 2024 n’ont pas été versés aux bénéficiaires qui ne cessent pas  de mener des actions pour entrer en possession de leur dû.

La moisson n’a été bonne pour les sportifs

C’est dansun climat morose que les athlètes tchadiens ont réussi à s’exprimer en 2024. Bénéficiant ainsi de quelques rares compétitions,  organisées par les différentes fédérations sportives sous la supervision des ligues qui survivent difficilement.

La Ligue provinciale de football de N’Djaména a ouvert le bal,  comme d’habitude,  en lançant très tôt, la saison sportive 2023-2024 avec le championnat de première division,  à partir du  20 décembre 2023. Une  compétition qui   a vu le sacre  du  club militaire,  As PSI,  au mois juin 2024. Les autres ligues ont suivi l’exemple. La Ligue de la Nya-Pendé n’était pas du reste,  avec la relance de ses activités  sportives en février 2024. A Moundou, la capitale économique, le championnat de première division de Lac Wey a été officiellement lancé le 23 mars 2024. Sans compter les championnats amateurs qui ont permis aux adeptes de la discipline,  de s’exprimer. Bref,  la saison sportive sur le plan national,  a été prolifique en matière de compétitions,  dans le cadre du sport roi.

Cependant, certains joueurs locaux qui ont eu la chance d’intégrer l’équipe nationale,  ont aussi participé à des compétitions internationales. Parlant des compétitions internationales, on garde encore en mémoire, la désillusion des Sao du Tchad,  version football. Les poulains de Kevin Nicaise ont  terminé  au bas du classement dans leur poule,  avec trois points cumulés  dans le cadre des éliminatoires de la CAN Maroc 2025. Mouandilmadji Marius et ses coéquipiers ont également perdu le 5 juin 2024 sur un score de 0 but à 1 face à la République Centrafricaine et n’ont pas réussi à prendre l’ascendancesur les comoriens dans le cadre des éliminatoirespour la coupe du monde 2026.

La campagne des clubs sur le plan international n’a pas été non plus fameuse. As PSI et Elec-Sport représentant le Tchad, respectivement en Ligue des champions de la CAF et à la coupe de la Confédération Africaine de Football n’ont pas eux aussi  réaliséun  bon résultat. La 14ème participation du Tchad aux Jeux Olympiques de Paris n’a pas été du tout reluisante. Les trois athlètes à savoir l’archer Israël Madaye, la Judokate Demos Memnelounet,   le marathonien Betoudji Valentin, n’ont ramené aucune médaille. Ceci est la preuve que la moisson n’a pas été bonne sur le plan international.

Toutefois, certaines disciplines sportives ont mouillé le maillot. C’est le cas des volleyeurs tchadiens qui ont fait bonne figure au 13ème jeu africain, du 18 au 23 mars 2024, atteignant les quarts de final. Il faut aussi reconnaitre que certains athlètes tchadiens ont individuellement fait la fierté du pays. C’est le cas de Bétel Casimir, devenu le numéro 1 mondial de Taekwondo,  en dehors des autres distinctions individuels qu’il a rafléesen 2024. Alhaji Mahamat Allaou a aussi valablement représenté le pays  à la CAN,  Côte d’Ivoire 2024,  du 13 janvier au 11 février, en qualité d’arbitre. Un exploit sur le plan individuel qui fait de lui, le tout premier arbitre tchadien à officier la CAN.

Une régression dans certaines disciplines

Ce qui est à déplorer en 2024 sur le plan sportif, c’est une nette régression dans certaines disciplines sportives. Il s’agit par exemple du basketball, du handball… Même si des compétitions ont été organisées sur le plan national en faveurs des athlètes, ces derniers n’ont pratiquement pas réussi à faire bonne figure à l’international. Pourtant, ces disciplines sportives avaient réussi à un moment donné, à sortir de l’ornière, comparativement à d’autres qui agonisent. Par ailleurs, il est à noter que des guéguerres stériles entre les cadres en charge du sport, ont négativement marqué le milieu sportif tchadien. C’est d’ailleurs ce qui a poussé  les  membres du Comité Olympique et Sportif Tchadien à mettre à nu les soupçons de  détournement de fonds orchestré  par le bureau sortant, dirigé par Maitre Abakar Djermah Aumi, actuel ministre de la Jeunesse et des Sports,  à qui on reproche un  solde non justifié de 120.000 dollars. Il est aussi à déplorer le micmac entre ce ministre et l’ancien capitaine des Sao, Maruis Mouadjilmadji,  qui a mis à nu la défaillance du Ministère dans la prise en charge des ambassadeurs sportifs tchadiens. De toute évidence,  ces querelles interminables  dans le milieu sportif tchadien ont failli replonger cette discipline, déjà agonisante,  dans un chaos, avec la nomination contestée de Dr Baba Ahmat  Baba. Néanmoins, la barre a été redressée en cette fin  d’année,  avec l’organisation d’une Assemblée générale extraordinaire, le 14 décembre 2024 en présence du représentant de la FIFA. Laquelle Assemblée a  permis de mettre  en place des commission électorales pour relancer le processus électoral de la Fédération tchadienne de Football Association, suspendu il y a quelques mois. Vivement que ce processusaboutisse cette année pour qu’enfin,  un vent  nouveau souffle pour redorer le blason de cette discipline unificatrice.

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