Des soldats Tchadiens réclamés à Kinshasa
Les rumeurs en cours s’amplifient, sur le possible déploiement des forces spéciales tchadiennes en République démocratique du Congo, (RDC). Aux prises avec les mercenaires rwandais du Mouvement, M23 qui menace le pouvoir, Antoine Félix Tshisékédi dépêche un émissaire auprès de Mahamat kaka. Le ministre congolais, Didier Maznga Mukanzu, de l’Intégration Régionale, obtiendra t-il l’envoi des guerriers tchadiens sur le sol congolais ?
Franck Madjitébaye
Il s’agit d’une information officieuse dont les contours et autres études de faisabilité sont, en cours. Des sources de la Présidence de la République du Tchad, l’émissaire congolais a été reçu par Mahamat Idriss DébyI tno, le 18 février 2025. Il est porteur d’un message d’Antoine Félix Tshisékédi de la RDC. Le facilitateur de la transition tchadienne, s’est réjoui de la réussite de la transition tchadienne dont l’épilogue se dessine bientôt avec la tenue des élections sénatoriales.
Cependant dans les coulisses, cette visite qui ne cesse pas de susciter des curiosités et des interrogations. Elle offre plusieurs lectures d’autant que le message est sous pli fermé. Son contenu donc relève de la discrétion absolue du Chef de l’Etat. La RDC, disons-le, plongée depuis un laps de temps dans cette guerre meurtrière orchestrée par le Rwanda avec la complicité de quelques puissances obscures, ne saurait rester bras croisés, face à l’avancée galopante du M23. De Goma à Bukavu, ils ont imposé leur autorité, tout en promettant de marcher sur Kinshasa pour renverser le pouvoir d’Antoine Félix Tshisékédi. Partant de cette hypothèse, rien n’empêche au président congolais de solliciter le secours de son homologue du Tchad dont les troupes disposent d’une redoutable renommée, dans des interventions contre les terroristes, surtout sur le continent noir. Ce n’est que justice et aussi, une marque de reconnaissance, débarrassée d’ingratitude, de la part du jeune Maréchal qui doit en grande partie « la stabilité et la légitimité » de son pouvoir au congolais Félix Tshisékédi. Point n’est besoin de rappeler le degré d’investissement de celui-ci dans les tentatives de résolution des crises transitoires tchadiennes dont le plus grand exploit fut la signature de l’Accord de Kinshasa.
L’ombre de Paul Kagamé fait toujours peur
Mais pour revenir, la guerre de conquête et d’exploitation des ressources naturelles du sous-sol de la République démocratique du Congo, continue d’alimenter le débat dans des grandes instances internationales, avec au passage des milliers de morts, des réfugiés et déplacés. L’œuvre des combattants du Mouvement rebelle, M23 qui a vu le jour un 23 mars, d’où son nom. Un mouvement composé en majorité, de combattants mercenaires à la solde du Rwanda de Paul Kagamé. Le M23 a déclaré à la RDC, une guerre de nature asymétrique aux dimensions variables. On se rappelle également le 38ème sommet de l’Union africaine, tenue récemment à Addis-Abeba au cours duquel, seul le Burundi a eu le courage de dénoncer franchement et sans détour, l’implication directe du Rwanda, tout en interpellant Paul Kagamé à cesser immédiatement avec cette guerre d’exploitation et de conquête. Une guerre qui continue à diviser des grandes puissances du monde, chacune n’agissant que pour sauvegarder ses intérêts. Et c’est dans cette confusion que des milliers de Congolais meurent chaque jour, ou sont forcés à l’exil ou poussés à se réfugier dans les pays voisins dont le Rwanda lui-même.
Triste souvenir de Déby père
En rappel, au plus fort temps des massacres des Tutsi, un contingent tchadien, sollicité par les français y est allé à leur renfort avec les retombées que gère mal, la France aujourd’hui. C’était sous le fébrile du général Ackabre, déployé plus tard en RCA. Puis sous le général Allatchi, dit « petit souri » secondé de général Ngaro, un second contingent avait été sur le sol congolais. C’était sous la première Législature, dirigée par feu Abdelkader Kamougué. Un déploiement qui, selon les archives, avait été effectué en flagrante violation de la Constitution. Ce sont plus de 2.000 soldats de l’Armée nationale tchadienne qui ont été embarqués pour le Zaïre, en soutien au Maréchal Mobutu Séssé Séko qui avait maille à partir avec les éléments de Laurent Désiré Kabila. C’était l’initiative de complicité entre ces deux hommes d’Etat, une sorte de deal dont eux seuls en connaissent les contours. Une sorte de vente avant service, l’Assemblée nationale du Tchad n’étant saisie qu’après le déploiement et tout ce qui s’en est suivi. C’est contre toute attente que, Déby père et ses acolytes avaient cherché à légitimer cette affaire qui a pourtant fait de tollés, au risque de mettre à mal plus tard, la coopération diplomatique entre l’ex Zaïre et le Tchad.
Bref, en attendant que les choses ne se précisent de manière officielle, toutes les pistes sont à exploiter. D’un côté, Paul Kagamé et le M23 continuent, tête baissée, à tuer les Congolais pour piller leurs précieuses richesses naturelles. De l’autre, Antoine Félix Tshisékédi et l’armée congolaise semblent impuissants, devant leurs ennemis qui, du jour au lendemain, gagnent du terrain. Le tout se déroule sous le regard complice de la communauté internationale qui observe et laisse faire. Que les militaires tchadiens, applaudis comme les gendarmes de l’Afrique, interviennent en République démocratique du Congo, ne surprendra guère !