Commercialisation du Ciment au Tchad, Entre raréfaction et augmentation du prix

Depuis quelques jours, les citoyens se plaignent de la raréfaction et de l’augmentation du prix du ciment sur le marché. Pourtant les plus hautes autorités du pays ne reconnaissent pas avoir contribué à une quelconque augmentation. Il en est de même pour l’entreprise marocaine, CIMAF, qui dément les informations relatives à l’augmentation du prix de son ciment.

Abdoulaye Mbata Nder

Le prix du sac de ciment n’est plus le même. C’est du moins le constat qui  se dégage sur le terrain.  De 8.000 FCFA, le sac de 50 kg a grimpé pour atteindre désormais 10.000 FCFA, dans la plupart des quincailleries de la Ville de N’Djaména. En plus de cette flambée de prix, on constate une raréfaction  sur les marchés de N’Djaména, faisant grimper davantage le prix du sac. Pourtant,  ce matériau de construction   ne coûte même pas 5.000  F.CFA  dans certains pays de la sous-région à l’exemple du Niger où le même sac ne coûte que 4.000  F.CFA. Une situation que  dénoncent les consommateurs qui ont réagi sur les ondes de la radio Vision FM,  dans l’émission Tribune de Ma Cité du dimanche 16 mars 2025.

Pour Allasra Gédeon, il est inadmissible que les autorités du pays  justifient l’augmentation du prix du ciment par la raréfaction. D’après lui, l’entreprise en charge  de la production et de la commercialisation de ce matériau de construction doit faire suffisamment de stock pour éviter que la raréfaction fasse grimper le prix. Et de poursuivre que l’Etat Tchadien doit encourager la concurrence, pour faire chuter les prix. A cet effet, il cite quelques entreprises étrangères qui, par le passé, ont tenté de s’installer au Tchad sans succès, à l’exemple du groupe  Dangoté. Pourtant, cette politique pourra permettre à certaines couches de la population de construire des abris en matériaux durables, estime un autre auditeur, tout en déplorant que  le  gouvernement tchadien ne se soucie pas simplement de sa population.

La CIMAF se dédouane

La filiale tchadienne de la cimenterie CIMAF a officiellement démenti toute augmentation du prix du ciment à la sortie d’usine, alors que les consommateurs constatent une flambée des prix sur le marché. Dans un communiqué  rendu public ce 15 mars 2025, la société a affirmé que «les tarifs appliqués à l’usine restent inchangés » et qu’aucune hausse n’a été décidée. Se soustrayant des raréfactions qui entrainent par ailleurs les hausses de prix sur les marchés,   l’entreprise assure que sa capacité de production permet d’approvisionner régulièrement le marché, éliminant ainsi tout risque de pénurie. Toutefois, elle reconnait que des problèmes logistiques et la spéculation des intermédiaires peuvent être à l’origine des hausses observées dans les points de vente.

La tutelle entend régir

A bien observer, il faut reconnaitre  que la hausse du prix du ciment sur  marché est aussi liée à la surfacturation. Car, il n’est un secret pour personne que certains commerçants véreux entretiennent savamment des surfacturations, contre toute attente, pourvu qu’ils tirent leur profit. Le ministre du Commerce et de l’Industrie, Guibolo Fanga Mathieu en a conscience. Au sortir d’une rencontre tenue avec le premier Ministre la semaine dernière, il a d’ailleurs  réagi en dénonçant les pratiques spéculatives de certains commerçants et détaillants, tout en promettant de prendre un certain nombre  de mesures  pour y remédier. Occasion pour Guibolo Fanga Mathieu de rappeler que les services de son département travaillent à renforcer le contrôle du marché et à garantir la stabilité des prix. Pour lui,   il  n’y a pas de  raison valable pour que les prix du ciment augmentent sur le marché, alors que ceux de l’usine restent inchangés. En outre, il a annoncé  que  la réorganisation de la Brigade économique, suspendue pour dysfonctionnements, reste l’une de ses priorités en 2025 pour permettre le contrôle de prix sur les marchés. Dans cette perspective, le ministre envisage intensifier les contrôles et sanctionner les abus, en collaboration avec les forces de sécurité.

De toutes les façons, la situation est inacceptable pour un pays en voie de développement comme le Tchad. Ainsi,  les autorités sont  appelées à prendre des mesures concrètes pour contrer toute spéculation du prix de ce matériau indispensableet au-delà contre la flambée des prix de bien d’autres produits essentiels comme les denrées alimentaires.

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