Accord entre Peulh et Ngambaye, Vraie réconciliation ou simple accalmie ?

Le 4 juillet 2025, une délégation composée des parlementaires du Logone occidental dans le cadre sa mission de réconciliation, conduite par le député, Mbaiomdenande Dionadji Alain, a pu réunir les différentes parties en conflit à Mandakao et à Oregomel, sous les auspices du secrétaire général de la Primature, Bachar Ali Souleyman. Une mission qui s’est soldée par la signature d’un protocole d’accord de réconciliation entre les Foulbé et les Ngambaye. Cependant, la signature de cet accord marque-t-elle le début d’une véritable paix et d’une réconciliation sincère entre les deux communautés antagonistes ?

Sougour Ndangmbété Jean Luc

Il aura fallu attendre presque deux mois après le drame survenu à Mandakao pour que les parties en conflit se donnent la main, sous la bienveillance des cadres, ressortissants de la province du Logone occidental. En effet, après plusieurs démarches entreprises auprès des représentants des communautés Foulbé et Ngambaye pour décrisper la crise et éviter toutes autres représailles, les parlementaires du Logone occidental, conduits par le député, Mbaiomdénande Dionadji Alain et les chefs traditionnels, conduits par le président de la Haute autorité de la chefferie traditionnelle, Tamita Didingar ainsi que des personnes ressources comme les anciens ministres, Oumaro Djibrilla et Achta Djibrine Sy, ont pu amener les deux communautés à la réconciliation. Une réconciliation formalisée par la signature d’un accord le 5 juillet 2025, sous l’égide du Secrétaire général de la Primature, Bachar Ali Souleyman, en présence des délégués du gouvernement auprès des provinces du Logone occidental et du Mayo-Kebbi Ouest.  Le prix du sang a été versé. Selon nos informations, une somme de 2.500.000 par victime serait accordée aux parents.

Le Sg de la Primature a rassuré les habitants de Mandakao que toutes les dispositions sécuritaires sont prises et que personne ne doit s’inquiéter. Il appelle les autochtones à regagner le village. « Verser le sang, ce n’est pas l’homme Ngambaye, mais c’est arrivé qu’est-ce qu’on peut faire ? Le passé ne revient plus. Les gens se sont pardonnés entre eux. Ensemble on va développer le département de la Dodjé », a exprimé Bachar Ali Souleyman.

Lors d’un point de presse tenu à Moundou, le chef de mission, le député Mbaiomdénande Dionadji Alain a indiqué que cet accord intervient à la suite d’un  différend foncier qui a opposé les deux communautés à Mandakao, causant 57 morts ainsi qu’à Oregomel faisant 19 morts. Pour lui, cet accord est une preuve de la ferme volonté des deux partis à vivre ensemble. Dans une interview accordée au groupe Média Visionnaire, il a insisté que la signature de ce protocole d’accord est le résultat des efforts concertés de toutes les parties prenantes. Il s’est réjoui du retour de la paix et de la cohésion sociale entre les deux communautés antagonistes. C’est une chance de tourner la page sur ces violences tragiques et permettre le retour des déplacés dans leur village et domicile respectif.

Que prévoit le protocole d’accord ?

Pour ce qui est du contenu de l’accord, le chef de mission fait comprendre que le protocole d’accord prévoit des engagements imposables aux deux communautés à respecter les termes du protocole, privilégier le dialogue comme moyen par excellence pour résoudre les différends. Il prévoit également la mise en place d’un comité de veille, composé des représentants des deux communautés, sous l’égide des autorités administratives. Face au doute qui plane quant à la sincérité de l’accord, Alain espère que ce protocole amène la paix sincère et définitive à Mandakao.

La paix est une valeur inexprimable et une puissance qui libère. Si les deux communautés sont parvenues à un accord de paix, quoi de plus normale ! Mais l’on se demande si c’est réellement une paix définitive et sincère ? Déjà, d’autres cas de violences ont été signalés quelques jours seulement après la signature de cet accord, dans la zone, occasionnant la mort d’une personne et causant d’énormes dégâts matériels. Même si les autorités rassurent des dispositions sécuritaires prises et de mécanisme de suivi de la mise en œuvre de cet accord, le doute plane toujours, quant à la paix durable et le véritable pardon. Le choc est encore vif de part et d’autre et des personnes impliquées dans les affrontements sont encore entre les mains de la justice.

Pour mémoire, c’est pendant que le gouvernement, à travers ses représentants, a rassuré les déplacés de retourner chez eux du fait que la situation est sous contrôle des forces de défense qui assureront leur sécurité, que des actes de représailles ont eu lieu. Dans des circonstances pareilles, la réconciliation est une solution pour éviter toute autre forme de violence entre les deux communautés. Toutefois, il faut une réconciliation sincère et durable. Ainsi, il y va de la responsabilité des autorités à veiller, pour éviter toute reprise de violences. La mise en place du comité de suivi, oui. Mais, faudra-t-il encore que ce comité soit sincère, impartial et sage dans l’accomplissement de ses missions, le tout avec un bon mécanisme de suivi  pour que la paix définitive règne entre les deux communautés.

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