Starlink, la branche télécom du groupe SpaceX dirigée par Elon Musk, a officiellement obtenu l’accord des autorités tchadiennes pour s’installer au Tchad. C’est à travers la signature d’une convention, le 13 mars 2025, sous l’égide du ministre des Télécommunications, de l’Economie numérique et de la Digitalisation de l’administration, Dr Boukar Michel, en présence de plusieurs autres membres du gouvernement.
Abdoulaye Mbata Nder
Le Tchad fait un pas de géant vers l’amélioration de son infrastructure numérique, en octroyant une licence d’exploitation à Starlink, la branche télécom du groupe SpaceX dirigée par Elon Musk. Le Directeur général de l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (Arcep), Haliki Choua Mahamat et le Directeur marketing de SpaceX, Ben Mac Williams, ont apposé leurs signatures sur les documents officiels, entérinant ainsi l’accord de s’installer désormais sur le sol tchadien.
Selon le ministère des Télécommunications, Dr Boukar Michel, cette initiative s’inscrit dans le cadre de l’engagement du président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno, à déployer la connexion Internet haut débit sur l’ensemble du territoire national d’ici 2030. Il faut se le rappeler que la signature de la convention d’octroi de la licence à Starlink, est le fruit de plusieurs mois de discussions approfondies. Elles ont permis de garantir un cadre règlementaire, sécuritaire et économique, conforme aux exigences nationales et internationales, contrairement à certains pays qui ont accordé une licence sans formalisation stricte des engagements. Avec ce partenariat, le Tchad dévient l’un des premiers pays de la zone CEMAC à permettre à Starlink, d’opérer sur son territoire, explique-t-il. Et ce n’est pas faux.
Dans certains pays de la sous-région comme le Cameroun, Starlink peine encore à avoir la licence. Il y a de quoi saluer la décision des autorités tchadiennes qui, au-delà de la révolution numérique, veulent libéraliser l’espace d’expression. Un pas significatif apprécié à sa juste valeur par certains acteurs politiques. C’est le cas de Dr Masra Succès qui a considéré ce réseau comme un moyen efficace d’expression.« L’arrivée prochaine de Starlink est une bonne nouvelle. Internet a révolutionné la manière de s’engager au Tchad. L’intelligence artificielle va changer le monde. Tout ce qui est moqué au début dévient une évidence après », a écrit le président des Transformateurs Dr Mara Succès sur son mur.
Un réseau qui coûte chère
En matière de révolution numérique, l’arrivée de Starlink est une avancée particulière, car la disponibilité de ce réseau permettra d’améliorer l’accès à internet dans le pays. Ce qui pourrait aussi avoir des impacts significatifs sur le développement numérique et économique du Tchad. En termes d’avantages, il faut aussi reconnaitre qu’une couverture internet plus étendue pourrait faciliter l’accès à l’éducation en ligne, à des services de santé à distance, et stimuler l’innovation dans plusieurs secteurs. Mais tout cela reste dépendant de l’accessibilité financière des services proposés par Starlink. Dans certains pays africains où Starlink est déjà opérationnel, l’abonnement mensuel avoisine les 30.000 FCFA, avec un terminal vendu entre 400.000 et 500.000 FCFA. Un tel coût ne sera pas certainement à la bourse de tous les tchadiens. Ainsi, l’avenir de la connectivité au Tchad pourrait dépendre, autant de la volonté du gouvernement que de la flexibilité des tarifs de ce fournisseur.
Une menace pour les compagnies de téléphonies mobiles
Le marché de l’Internet au Tchad est actuellement dominé par deux principaux opérateurs de téléphonies mobiles : Moov Africa Tchad, filiale du Groupe Maroc Telecom, et Airtel Tchad. Il est une évidence que les citoyens tchadiens se plaignent souvent de la mauvaise qualité des services, en particulier de l’Internet, offert par ces deux opérateurs dont la prestation est presque identique : médiocre. Des pannes à répétition ou encore, des censures voilées, ont mis en lumière la nécessité d’améliorer les infrastructures existantes. Pour relever ces défis, le gouvernement a annoncé plusieurs projets visant à moderniser le réseau télécom national et à réduire les coûts des services pour les consommateurs. Parmi ces initiatives figure le lancement prochain, du réseau de Salam, filiale de l’opérateur historique Sotel-Tchad, annoncé en novembre 2024, qui renforcera la concurrence sur le marché. Parallèlement, la Banque mondiale a approuvé en septembre 2024, un don de 92,2 millions de dollars pour étendre l’accès à une connectivité haut débit abordable et résiliente au climat dans des zones ciblées du Tchad. Ce projet vise à renforcer les cadres institutionnels et à améliorer les services publics numériques, offrant ainsi, à plus de 4,5 millions de personnes des zones rurales, un accès au haut débit. De toute évidence, l’arrivée de Starlink pourrait transformer le paysage numérique tchadien, en offrant une alternative aux services existants. Autant Starlink constitue une menace par sa capacité à concurrencer, autant, les autres fournisseurs d’accès internet feront mieux de repenser leurs services, y compris les coûts.