Une visite de 48 heures, du 13 au 15 mars 2025, a permis à emblématique députée et présidente du groupe parlementaire le Rassemblement national à l’Assemblée nationale française, Marie Le Pen d’avoir plusieurs échanges avec les différentes figures politiques du pays, dont le Président de la République, MMIDI. Une visite qui fait jaser.
Franck Madjitébaye
Il s’agit d’une visite d’échange politique et diplomatique à la fois effectuée par Marie Le Pen, cette figure politique française, longtemps cheffe du parti de l’extrême droite mais qui se drape peu à peu de l’idéologie de la sociale démocratie. Au cours de cette visite, elle a pu échanger avec le président de l’Assemblée nationale, Ali Kolotou Tchaimi et quelques membres de son cabinet. C’était après son retour d’Amdjarass dans l’Ennedi est, où elle est allée à la rencontre du Chef de l’Etat, Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, en séjour pour le devoir religieux en ce temps de ramadan.
D’après des sources concordantes, ces échanges ont donné des tours de table des sujets brûlants. Pour Ali Kolotou Tchaimi, le PAN, comme toute autre personnalité politique, étranger ou ami du Tchad, Marie Le Pen a droit à un tapis rouge ordinaire, simple signe d’amitié et de bonne relation. Quant au menu des échanges, la présidente du groupe Rassemblement national à l’Assemblée française s’est appesantie sur les relations détériorées entre les deux pays. Dans son discours, prononcé lors du diner offert à son honneur par le Réseau des Femmes Africaines Ministres et Parlementaires du Tchad (REFAMPT), à l’hôtel Radisson Blu, Marie Le Pen a rappelé qu’elle est pour la deuxième fois au Tchad. Pour la troisième fois, elle y reviendra en tant que présidente de la République française. « Au Président Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, j’ai tenu le même discours que celui que j’avais tenu au feu et regretté, Maréchal Idriss Déby Itno. Et j’ai retrouvé dans la détermination du Président du Tchad, la détermination que j’avais ressentie en son feu père. La détermination à protéger le peuple tchadien, à garantir l’avenir de ce beau et grand pays, à construire avec sagesse, avec détermination les éléments de son autonomie, les éléments de sa souveraineté avec cette fierté tchadienne ….. », a-t-elle déclaré dans un long discours, tout en appelant de tous ses vœux, à une relation de respect mutuel, dans la souveraineté entre les deux pays. Ce qui fait dire l’opposant Max Kemkoye, sur les ondes de la Rfi, que Marie Le Pen, dans son idéologie politique de prôner la sociale démocratie, est en déphasage politique avec le Mps, le parti au pouvoir qui, depuis plus de trois décennies règne en maitre absolu sur le Tchad.
Marie Le Pen pourra t-elle rafistoler une relation brisée ?
Pas plus loin qu’en janvier 2025, le Tchad a officiellement fermé toutes les bases militaires françaises implantées sur son sol, mettant ici fin à sa coopération militaire avec la France. Une vielle et historique coopération militaire, s’il faut le rappeler, datant de la période coloniale. En effet, le Président de la République, le Maréchal Mahamat Idriss Déby Itno avait dénoncé cette coopération militaire qu’il juge obsolète et surtout, inefficace au moment où le Tchad continue d’enregistrer des menaces des terroristes dont les attaques font de nombreuses victimes au su et au vu de l’armée française, mieux équipée et supposée aider les forces tchadiennes de défense. Cette rupture de coopération militaire entre la France et le Tchad ne cesse d’alimenter les débats aussi bien sur le plan national qu’international. A ce sujet, Marie Le Pen regrette cette rupture : « La relation entre la France et le Tchad est historique et vieille de plus de 200 ans. C’est bien dommage qu’elle soit ainsi conçue. Je suis venue pour comprendre ce qui s’est passé et pour comprendre, il faut écouter », a-t-elle confié à la Rfi.
Cependant, au regard des dernières évolutions politiques au pays de Toumai, il ne fait aucun doute que les plus hautes autorités ont un penchant pour la Confédération de l’Alliance des Etats du sahel dont l’idéologie est basée sur la notion de souveraineté et du patriotisme. Une idéologie répulsive, face à toute coopération diplomatique et militaire entretenue depuis la nuit des temps entre les Etats africains et les puissances occidentales, en particulier, la métropole, la France à travers sa politique de la France-Afrique. Autrement dit, la visite de Marie Le Pen, vu sous cet angle, n’est pas la bienvenue, face à la détermination du jeune Maréchal de ne privilégier que la coopération gagnant-gagnant, axée sur le respect de la souveraineté. A moins que le cours de l’histoire ne prouve le contraire, surtout que la députée Marie Le Pen ne nourrisse toujours en elle, ses ambitions de briguer la Magistrature suprême dans son pays.