Nouveau cadre de dialogue politique, Un projet controversé au sein de la classe politique

Les acteurs politiques ne cessent plus d’échanger depuis qu’il est question de mettre en place, un nouveau cadre de dialogue politique  surtout que le Président de la République, demande que lui soit soumise une  proposition commune. Mais c’est comme si ces leaders politiques Si ne sont pas sur la même longueur d’onde, quoi que certains apprécient l’initiative  à sa juste valeur, d’autres trouvent qu’un nouveau cadre ne servira à rien. Leurs points de vue.

La rédaction

Djividi Boukar Dibeing, Président du Parti démocratique et socialiste (Pds), député : « Il faut s’appuyer sur des compétences avérées pour désigner les membres du nouveau cadre »

J’ai eu cet avantage de participer au fonctionnement du cadre national de dialogue politique (Cndp). Le Cadre national de concertation des partis politiques (Cncp) qui vient d’être dissout est né sur les cendres du premier. J’ai travaillé comme membre au Cndp et comme membre du Bureau au Cncp, notamment en qualité de conseiller.  Le Cncp est mort de sa belle mort. Parce qu’il faisait de la figuration. En réalité, ce cadre était censé filtrer les lois avant leur envoi au gouvernement ou à l’Assemblée nationale. Malheureusement, il a fait figure d’une institution moribonde. Il n’a participé à l’élaboration d’aucune loi, d’aucun texte. Les membres étaient là, pour préserver juste leurs intérêts. C’est tout. Ils n’ont rien fait qui puisse justifier leur existence. Cette dissolution vient à point nommé parce que tout le monde en appelait de son vœu. C’est normal qu’un autre cadre de dialogue soit mis en place, après la dissolution du Cncp qui a montré ses limites. Nous sommes d’avis. Mais ce que je propose, il faut que les textes soient bien montés de sorte qu’on accorde plus de responsabilité politique à ce cadre pour lui permettre de travailler. Pour cela, il faut être rigoureux dans le choix des membres de ce futur cadre, des gens contributifs, des gens avec un large éventail de connaissances, capables d’étudier tous les textes qui y seront envoyés. Donc, il faut des connaissances juridiques, économiques, etc. Il ne faut pas prendre n’importe qui, simplement parce qu’il est chef de parti et qu’il réclame en faire partie. On en a vécu. Bref, il faut que la sélection soit rigoureuse. Il faut définir des critères, et s’appuyer sur des compétences avérées pour désigner les membres, donner une mission réelle et véritable au cadre, c’est-à-dire, il faut responsabiliser les différents membres.

Mahamat Saleh Ben Mallalah : Président du Mouvement national pour la démocratie et l’alternance au Tchad (Monadat) :« Tant qu’on ne met pas en place ce cadre, il sera difficile de modifier les différentes lois électorales »

Nous nous réjouissons de la communication du Maréchal du Tchad, président de la République, adressée à la classe politique dans laquelle, il  appelle à la mise en place d’un nouveau cadre de concertation entre les partis politiques, fondé sur la transparence, l’équité et l’inclusivité. Nous saluons également sa position de neutralité, illustrée par son appel aux chefs de partis politiques à se réunir dans les meilleurs délais afin de s’organiser et de lui soumettre une proposition commune. Par cette démarche, le chef de l’Etat renvoie les acteurs politiques à leurs responsabilités et réaffirme son engagement en faveur d’un dialogue politique constructif. Le Cncp, au lieu de jouer son rôle initial de médiateur et de catalyseur de dialogues constructifs, est perçu comme un soutien à un parti politique, limitant ainsi la diversité des opinions. Donc, il est normal de créer un autre cadre. C’est d’ailleurs ce que le parti Monadat que je dirige a appelé de tout son vœu, alertant que le Cncp est caduc et qu’il faut nécessairement un autre cadre digne de ce nom pour permettre aux acteurs politiques toutes obédiences confondues, de se concerter sur la vie politique du pays.  Tant qu’on ne met pas en place ce cadre, même pour modifier les différentes lois électorales, ça va être très difficile. Et toutes les propositions et les avant-projets de modification de textes. Que ce soit le code électoral ou toutes autres lois qui touchent les élections, on doit passer par ce cadre de concertation. Donc, j’exhorte tous les autres partis politiques sceptiques à se joindre à nous, pour  nous renforcer avec des idées pour qu’ensemble, nous puissions proposer quelque chose qui puisse satisfaire tout le monde. Mais rester à part, c’est aussi peut-être une position, mais je pense qu’elle n’est pas la bonne. Le mieux, c’est d’être ensemble, c’est de se retrouver dans ce cadre qui fixe déjà le cap opposition – majorité, les deux se retrouvent et toujours, on peut trouver quelque chose de consensuel et ça serait au bénéfice de notre peuple.  

Keleou Bombaye Laoumbaye : Président du Parti Action démocratique pour la paix et le développement (Adpd) : «C’est un ‘‘non évènement’’… un déséquilibre politique qui va amener le Tchad dans le gouffre »

J’ai qualifié ce qui s’est passé ce 5 mai 2025 entre le président de la République et les leaders des partis politiques qui sont allés le rencontre, de  ‘‘non évènement’’. Nous sommes tous témoins, même vous, journalistes et tout le peuple Tchadien savent depuis 2024 aux résultats des différents scrutins, à la faveur desquels des installations fantaisistes ont été faite en 2025. Cela n’honore pas le Tchad et n’honore pas non plus, les acteurs politiques que nous sommes. Ce qui s’est passé au Palais Toumaï, le parti Adpd n’y a pas pris part. Parce que l’idée est encore de mettre sur pied une institution politique, appelée coalition nationale pour les partis politiques. C’est vrai qu’il faut dialoguer, un sincère dialogue pour des changements. Mais déjà, Kaka s’est installé de lui-même comme président. Il faudrait plutôt chercher à savoir ce qui ne va pas exactement au Tchad.   Entre temps, les acteurs politiques dignes, peuvent discuter et suggérer les institutions pertinentes qui peuvent être créés en  dehors de ce que nous avons connu comme l’Ange, le Conseil constitutionnel, etc. qui nous ont conduits à l’impasse où nous sommes aujourd’hui. Que doit-on véritablement faire au Tchad ? C’est seulement après cette interrogation qu’on doit se retrouver pour voir ce qu’il y a lieu de mettre sur pied comme institution qui ne mènera pas le Tchad vers un cul de sac, puisque les élections vont toujours avoir lieu et qu’il faille les préparer au mieux, dès maintenant. Ce n’est pas en réunissant les acteurs politiques, d’ailleurs du même bord, que nous connaissons bien. Aujourd’hui, ça fait presque 400 partis politiques. Malheureusement, les 4/5 sont du même bord. Alors, c’est un déséquilibre politique qui va mener le Tchad dans le gouffre. Il faudrait bien qu’on le reconnaisse. Si l’Adpd n’a pas pris part à cette réunion, c’est à cause de cette manière de faire qui n’honore pas les acteurs politiques. Se faire voir seulement au Palais comme président de parti politique, je ne le ferai pas. C’est comme ça que je ne suis pas allé. Ce qu’il faut faire pour assoir le Tchad et ramener la démocratie, c’est de voir quelles sont les institutions qu’on doit mettre en place après le dialogue. Même deux jours ou une semaine, cela suffit pour diagnostiquer notre souffrance. Sans quoi, nous allons entrer dans une autre guerre politique qui ne va pas nous déterminer, politiquement au Tchad. Nous reconnaissons bien qu’au Tchad, il n’y a que deux groupes d’acteurs politiques : ceux qui n’ont pas soutenu le processus et qui n’ont pas reconnu les élections, ce sont des opposants et tous ceux-là qui ont participé aux élections et qui font ce qu’ils font maintenant. Il n’y a que ces deux groupes-là qui doivent discuter pour s’entendre sur un nombre de choses pour le bien du Tchd. Ce n’est pas le dialogue comme le DNIS ou ce qui se prépare là, que nous réclamons. Nous réclamons un dialogue digne de ce nom et deux, trois jours ou une semaine suffisent pour s’entendre sur certains points qui entravent vraiment la démocratie au Tchad. La rencontre avec les leaders politiques est un non évènement, une farce. Lorsque ce jeune autoproclamé président les a invités, ils sont très bien nombreux mais pour acclamer, c’est tout. Qu’est-ce qu’ils peuvent dire ou proposer.   Pour ce cadre-là, il faut de la vraie opposition et la mouvance  face à face à discuter. Au cas contraire, ça va encore prendre feu.

Djida Ahmad Mahamat: président du parti Alwhida « Que je sois dans le cadre ou pas, personnellement ça m’est égal »

La rencontre du Président de la République avec les partis politiques n’est pas une surprise. Pour moi, c’est une rencontre classique. Il n’y a pas d’intérêt. C’est une rencontre d’ailleurs sans objet. Lorsque le président a annoncé qu’il faut mettre en place un nouveau cadre, d’aucuns pensent qu’il faut un garant pour ce cadre politique. Moi, j’étais un peu déçu, très déçu même par la classe politique au Tchad. Parce qu’en réalité, un cadre n’est pas une Association des partis politiques. On est assez matures puisqu’on prétend prendre le pouvoir. La finalité d’un parti politique est de prendre le pouvoir. Mais si on est incapable de discuter entre nous et de trouver un cadre juste de concertations, les gens veulent toujours avoir un tuteur de surcroit, un tuteur qui était un compétiteur. C’est aussi un futur adversaire. C’est vraiment un niveau très bas pour la classe politique. Et puis, c’est pour faire quoi avec un tel cadre ? Pour quel dialogue ? Je n’en ai pas besoin, c’est pourquoi je ne suis pas allé à la rencontre de consultation entre les acteurs politiques après l’annonce faite par le président de la République. Après la mascarade politique qu’on a vécue lors des élections, le holdup électoral nous a tout raflé, mais qu’est-ce qu’il faut discuter ou négocier ? Toute la législature, vous êtes hors-jeu. Donc, cela n’a pas d’intérêt, ça n’a pas d’objet. Que je sois dans le cadre ou pas, moi personnellement, ça m’est égal. Je sais ce que ce cadre est capable de faire. J’ai vu les limites de ce cadre, ceux qui ont présidé le cadre dissout. A mon sens, le Cncp ne servait à rien pratiquement. C’est une caisse de résonnance. Et qu’est-ce qui va se passer ? Le parti au pouvoir va tout faire pour prendre la tête ou, peut-être par faire Play, une opposition businesse qui n’a pas de crédibilité, va prendre. C’est une mise en scène. En temps normal, les partis politiques doivent discuter entre eux-mêmes, sans ce cadre. Derrière ce cadre, c’est l’aspect pécuniaire et moi, je suis contre le fait qu’un cadre politique soit financé par un fonds public.  Un cadre, c’est juste pour rapprocher les points de vue, pour essayer de voir s’il y a des enjeux sur lesquels il faut s’entendre et mutualiser les efforts, question de faire face aux défis que rencontre notre pays au plan politique, économique et social. On devait faire un cadre comme les regroupements se font et ceux qui veulent y adhérer le font. Je suis pour plusieurs cadres comme des regroupements. Cela permettra à ceux qui se ressemblent et ceux qui pont des visions ou des idéologies projets proches, d’avoir de pool de position commune. Mais avec  un cadre comme celui-là, avec 280 partis, c’est énorme. Un scandale pour un pays comme le Tchad. Franchement, c’est aberrant ! Tel que c’est présenté, le cadre n’a pas de sens. C’est pour se concerter de quoi ? Les questions essentielles qui méritent un dialogue ont été déjà esquivés pendant la période indiquée : le code électorale, les élections, l’Ange, la constitution. Le parti au pouvoir s’est assuré maintenant d’avoir la part du lion sur tout. Il va faire la pluie et le beau temps. Je voudrais même que le président de la République ne finance même pas ce cadre pour que les acteurs politiques eux-mêmes cotisent pour financer leurs réunions, leurs rencontres, c’est ridicule. Moi, on ne va pas me payer pour que je discute de l’avenir de mon pays.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

WP2Social Auto Publish Powered By : XYZScripts.com