La lettre 347

Pourquoi tant de pratiques occultes dans notre capitale ?

Maréchal,

La semaine dernière, notre cité capitale a été secouée par  une information  qui faisait état de la mort mystérieuse de trois marabouts dans une concession au quartier Farcha, le 15 février 2025. Ces trois frères musulmans sont décédés dans la villa d’un homme, nouvellement élu conseiller municipal de la circonscription du premier arrondissement. Ils seraient dans cette concession, devenue leur Golgotha, en train de réciter le Saint Coran, implorant la faveur de Dieu, afin que le conseiller accède à la gloire et qu’il devienne maire de la commune du premier arrondissement. Mais, curieusement, ils ont passé  de la vie à trépas,  après quelques jours de récital. Les corps ont été retirés de cette concession en présence du procureur, puis,déposés à la morgue.

Après autopsie, il s’agirait d’une intoxication alimentaire. Inhumés le 22 février au cimetière de Lamadji, leurs parents attendent que justice leur soit rendue. Le conseiller en question qui a sollicité leurs services, est entre les mains de la justice. Son rêve de devenir maire est voué à l’échec, puisqu’au moment où il médite son sort entre les murs de la prison de Klessoum, ses collègues conseillers élisent ce 26 février,  le nouvel exécutif de sa circonscription.  Et si sa culpabilité dans ce meurtre est établie, il apprendra à ses dépens car, il ne pourra pas goutter au mandat d’élu communal.  Sortilège.

Maréchal,

A travers ce cas, je voudrai vous informer que de nos jours, la majorité de ceux qui accèdent à des hautes fonctions administratives dans notre pays, versent dans des pratiques occultes ou arpentent les réseaux ésotériques. Si certains se confient aux imams ou aux pasteurs pour invoquer Dieu en leur faveur par des journées de jeun et de  prières, d’autres ne lésinent pas sur les moyens pour parvenir à leurs fins, en consultant les féticheurs et les marabouts de renom. N’Djaména est remplie de féticheurs et marabouts ayant quitté les provinces pour venir s’installer ici et vendre leurs services. Dans ce lot, certains féticheurs Ouest africains, spécialisés dans la magie noire, pullulent N’Djaména. Ils sont traités avec déférence,  par vos concitoyens qui pensent que la gloire ne peut provenir que des cultes vaudou et de la déesse de la mer. 

A chaque élection ou remaniement ministériel, les hommes politiques courent dans tous les sens,  pour, soit conserver leurs anciens postes, soit accéder aux nouveaux. Il suffit juste de parcourir nos ronds-points et carrefours à des heures tardives pour se rendre compte de la réalité. Des cadavres d’animaux sacrifiés, des calebasses remplies des décoctions, des hommes et femmes prenant des bains en plein milieu de la route, etc. vous accueillent. Comme il fallait s’y attendre, certains parviennent à leurs vœux,  après tous ces sacrifices. Ainsi, le féticheur ou de  marabout est vénéré et occupe une place de choix dans la carrière de son client qui a réussi. Et si le client ne réussit pas, on commence par accuser la tante ou l’oncle qui lui aurait jeté un mauvais sort pour s’en débarrasser. Et pourtant, la réalité pourrait être toute autre.

Curieusement, mon président, je constate que ce sont souvent, ceux qui sont dans ces genres de pratiques qui sont préférés,  au détriment de ceux qui croient en Dieu, l’unique créateur des cieux et de la terre. Leurs étoiles ne font que briller,  malgré les impuretés qu’ils portent. A l’opposé, ceux qui appliquent à la lettre, les prescriptions divines sur l’intégrité, l’honnêteté, la vérité, la pureté sont souvent laissés sur les carreaux comme si seul le bon diable peut donner la gloire dans ce monde. C’est pourquoi, nous sommes tous tentés d’aller voir ces marabouts et ces féticheurs, boire leurs décoctions et nous faire spolier notre intelligence pour voir ce que cela pourrait donner.  Peut-être, rencontrerons-nous dans ce cercle, des amis qui roulent toujours dans des grosses cylindrées à vitres fumées et dorment dans des villas somptueuses. Décidément, la terre avec tout ce qui brille est au diable et les cieux à Dieu, pour celui qui se soucie du salut de son âme. Cependant, je ne perds pas confiance, car, vous avez l’habitude de dire que le pouvoir là, c’est Dieu qui le donne et j’espère que vous donnerez aussi, un peu la chance à ceux que Dieu aime. Entretemps, je vous prie de faire quelque chose pour mettre fin à ces pratiques diaboliques qui attireront la colère de Dieu sur nous.

A bientôt.

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