Les prix des denrées alimentaires flambent
Cette année, selon le calendrier grégorien, le 1er mars marque le début du mois saint de Ramadan. Une période pendant laquelle, les fidèles musulmans s’abstiendront de manger et de boire dans la journée. Mais, comme toujours, à quelques jours du début de ce mois, les prix des denrées alimentaires, celles les plus consommées surtout aux heures de la rupture de jeûne, grimpent.
Mingalar Mannro
C’est désormais une coutume au Tchad. Malgré la cherté de vie qui s’étale sur les 12 mois de l’année, le mois saint de ramadan est une occasion pour les commerçants, d’augmenter les prix des produits alimentaires, selon que la demande se fait de plus en plus pressante. Comme ces produits vitaux en cette période aussi particulière, les ménages sont obligés de s’y soumettre. Avec le peu dont ils disposent, avoir ne serait ce que le minimum strict qui permet de compenser les agrégats et de continuer à accomplir leur devoir religieux.
Il y a deux semaines de cela , le gouvernement Tchadien, par le biais du Ministre d’Etat, Ministre en charge des finances, du Budget et de l’Economie, Tahir Hamid Nguiling a annoncé l’exonération des droits et taxes à l’importation de certains produits alimentaires de première nécessite, notamment le froment, le maïs, le sorgho, le riz, la farine de froment, la farine de céréales autres que le froment, les semoules, pour ne citer que ceux-là. Et ce, jusqu’au 31 décembre 2025. Après cet acte, le Ministre du Commerce et de l’industrie, Guibolo Fanga Matthieu a tenu des rencontres avec les opérateurs économiques, à divers niveaux, pour discuter de la cherté de vie. Il s’en est suivi la visite de Allah-Maye Halina au marché central de N’Djaména, pour s’enquérir des prix des denrées alimentaires, à l’approche du mois saint de ramadan. Mais, toutes approches n’ont pas de concret dans la vie des Tchadiens. Pour dire vrai, l’exonération ne profite pas à la population.
Tout comme les années précédentes, alors que les fidèles musulmans s’apprêtent à entrer dans le mois saint, d’ici le 1er mars, ils sont déjà dos au mur, face à la cherté de vie, due à la spéculation des prix des produits alimentaires de première nécessité.
Difficile de rompre le jeun
Il est difficile, pour certains chefs de familles, de nourrir leur ménage. Une situation qui bouleverse à la fois, les commerçants et les clients. Dans quelques marchés que nous avons sillonnés, le constat est plus alarmant, mieux que les années précédentes. Du marché central au marché Adala dans le septième arrondissement, en passant par le marché à mil et ceux de Dembé, d’Abena et d’Atrone, le constat est presqu’identique. Tenez ! Un coro d’ail qui se vendait seulement, entre 1.500f à 2.000 FCFA, se vend aujourd’hui entre 6.000 et 8.000FCFA. Le coro d’oignon à 1.750 FCFA. Pire, le gingembre semble plus cher. Le prix d’un coro monte à 12.500 FCFA et plus, selon les marchés. Pourtant, cet ingrédient est essentiel dans la préparation du jus d’oseille, très consommé pendant ce mois saint de ramadan. « Là même, le ramadan n’a pas encore commencé. C’est possible que le prix d’un coro de gingembre monte jusqu’à 15.000f et plus, pendant le mois de ramadan», lâche un consommateur.
Pour ce qui est des céréales comme le sorgho, le maïs, le béré-béré, le riz, le penecilaire, etc., le prix varie de 700 à 1.500 FCFA, le coro. Pendant ce temps un coro de sucre se vend à 2.600 et un litre d’huile à 1750. Un coro d’arachide se vend entre 1100 et 1.300 FCFA. «C’est très dure cette année. A l’allure où les produits alimentaires coûtent chers, nous nous inquiétons du mois saint de ramadan. Est-ce qu’on peut s’en sortir ? Si le gouvernement peut vraiment revoir et fixer les prix des denrées alimentaires en baisse, ça nous permettra de nous maintenir. Au cas contraire, c’est foutu pour nous », a plaidé une mère, rencontrée au marché de Dembé. Une plainte partagée par Hadjara, une jeune dame, apostrophée devant les vendeuses d’arachide au marché central de N’Djaména. «C’est extraordinaire cette année. Tout est cher. Si nous parvenons à finir cette période en beauté, c’est simplement par la grâce d’Allah. Malgré tout ce que nous avons réservé pour l’alimentation pendant cette période, je demeure inquiète », lance –t-elle. Partout dans les marchés sillonnés, ce ne sont que des lamentations et des plaintes des fidèles musulmans. Les prix exorbitants touchent tout le monde.
C’est une situation qui nécessite des actions concrètes et urgentes, pour permettre, non seulement à cette communauté de passer la période de ramadan, mais aussi pour améliorer les conditions de vie de tous les Tchadiens qui gémissent tous les jours, sous le poids de la cherté de vie.