Des avancées notoires dans l’éradication du ver de Guinée
Du 21 au 22 janvier 2025, le Programme national d’éradication du ver de Guinée (PNEV) a tenu, sous le haut patronage du Ministre de la Santé publique et de la Prévention, Dr Abdelmadjid Abderahim, la 12ème revue annuelle du bilan de ses activités 2024. Une rencontre qui a abouti à plusieurs recommandations, dans le sens d’intensifier les actions de lutte contre cette maladie.
La revue annuelle du Programme national d’éradication du ver de Guinée, faut-il le rappeler, est un rendez-vous solennel, regroupant les différents acteurs de la santé et les partenaires impliqués dans la lutte pour l’éradication du ver de Guinée. Un moment crucial pendant lequel, les parties prenantes examinent les résultats de toutes les actions menées sur le terrain durant, une année, pour dégager les points forts et les points faibles, et faire des recommandations pertinentes dans l’ultime but d’œuvrer davantage dans ce combat. C’est à juste titre que, cette 12ème revue annuelle s’est tenue du 21 au 22 janvier 2025, notamment dans les locaux de l’Hôtel Amitié Tchad Chine à N’Djaména, sous le haut patronage du Ministre de la Santé publique et de la Prévention, Dr Abdelmadjid Abderahim.
A l’ouverture des travaux, le Secrétaire général adjoint de la Mairie centrale de N’Djaména, Hassan Ali Oumar a, dans ses mots de bienvenue, sollicité l’intensification de la lutte contre la maladie du ver de Guinée, en exprimant sa gratitude à l’endroit du centre Carter pour son soutien dans ce combat.
Dans son intervention, le Directeur de programme chargé d’éradication du ver de Guinée au Centre Carter, Weiss Adam Joseph, a fait savoir que les campagnes de communication et l’implication des communautés, ont produit des résultats probants. Ainsi, il a encouragé les partenaires et les services techniques à œuvrer davantage et sans relâche, pour mettre effectivement fin aux causes de cette maladie. Il n’a pas non plus, manqué de rassurer de l’engagement du Centre Carter à poursuivre les efforts aux côtés du gouvernement tchadien dans ce combat.
Occasion pour la représentante de l’OMS au Tchad, Dr Blanche Anya, de rappeler qu’en 2024, le Tchad a fait partie des 6 pays africains ayant rapporté des cas humains et/ou des infections animales au ver de Guinée. Cependant, « pour une fois, depuis plusieurs années, le Tchad n’est plus le pays dans le monde qui rapporte le plus de cas humains et infections à cette maladie », rassure Dr Blanche Anya pour qui, selon les données provisoires disponibles, sur les 11 cas rapportés dans le monde en 2024, le Tchad a rapporté 5 cas contre 9 l’année précédente, soit une réduction de près de 50%. Une réduction similaire pour les infections. C’est la première fois depuis 2010 que le pays rapporte le nombre le plus bas. Ce résultat démontre clairement la volonté du gouvernement du Tchad de prendre en compte la lutte contre le ver de guinée dans l’offre de soins de santé et donc de répondre aux nombreux besoins de santé des populations et ce, à travers des efforts continus, déployés chaque année par le Ministère de la Santé publique et de la Prévention, par le biais du Programme national d’éradication du ver de Guinée et de ses partenaires, notamment le Centre Carter et l’OMS.
Toutefois, elle a affirmé que le taux d’isolement des cas d’infection est faible et cela reste l’un des défis majeurs de l’heure. Ainsi, elle invite les pouvoirs publics, les partenaires au développement et autres acteurs, à œuvrer pour la réalisation des forages dans les villages endémiques, la solution principale dans la lutte contre cette maladie.
Appel à intensifier la surveillance transfrontalière
Donnant le coup d’envoi des travaux, Dr Abdelmadjid Abderahim, a fait comprendre que face aux défis sanitaires, notamment l’éradication du ver de Guinée, le Président de la République, le Marechal Mahamat Idriss Deby Itno accorde toute l’attention et tout le soutien aux actions que mène son département, avec l’appui des partenaires, dans l’optique d’assurer le bien-être sanitaire des populations.
Il a renseigné que pour l’année 2024, d’après les chiffres disponibles, sur les 10 cas rapportés dans le monde, le Tchad en a notifié 7, soit 70%. Pour la même année, sur les 584 infections du ver de Guinée chez l’animal, le Tchad en a notifié 281, soit 48% dont 234 infections chez les chiens, et 47 chez les chats, poursuit-il. Selon le ministre, les résultats enregistrés au Tchad depuis 2020 sont plus ou moins satisfaisants, car argumente-t-il, le pays a connu une baisse de 22% chez les cas humains, entre 2023 (9 cas) et 2024 (7 cas) ; chez les animaux, le pays a enregistré une diminution de 43% entre 2023 (496 infections animales) et 2024 (281 infections animales). « Nous devons certes nous réjouir de ces résultats encourageants sans toutefois baisser les bras », rappelle Dr Abdelmadjid Abderahim. Et pour renforcer et maintenir les efforts en cours, il relève la nécessité d’intensifier la surveillance transfrontalière, tant dans les districts sanitaires de niveau 3 que dans ceux de niveau 1 et 2 avec le Cameroun, qui depuis 2019, notifie des cas et des infections animales, mais aussi avec la RCA qui a rapporté 1 cas en 2022 et également, 1 cas en 2023 et une rumeur suspecte avec un ver émergent en 2024, en cours de confirmation.
Dans cette perspective, le ministre a insisté sur l’implication personnelle du Président de la République, le Maréchal Mahamat Idriss Deby Itno qui suit l’évolution de la surveillance épidémiologique de la maladie du Ver de Guinée. Il n’a pas manqué, non plus de reconnaitre les efforts du Centre Carter, notamment son appui technique et financier pour l’éradication de la maladie du ver de Guinée au Tchad, sans oublier l’Organisation Mondiale de la Santé qui accompagne toujours le Tchad dans plusieurs secteurs de la santé, et l’Unicef, pour son appui à la population Tchadienne en matière d’accès à l’eau potable, la communication pour le changement de comportement
Les actes de la 12ème revue
Après deux jours d’échanges les participantes et les participants sont parvenus à plusieurs recommandations adressées à différents niveaux.
Au Ministère de la santé publique, ils recommandent de :
- Faire le plaidoyer auprès du Ministère de l’Eau et de l’Energie pour la construction de 323 forages dans les villages endémiques ;
- Mettre les indicateurs de ver de guinée dans les grilles d’évaluation des provinces inscrites dans le financement basé sur la performance.
Aux autorités administratives locales :
- prendre des sanctions à l’endroit des propriétaires des récalcitrants animaux ; encourager l’engagement des autorités administratives, traditionnelles et religieuses.
Au PNEVG :
- Planifier et organiser des réunions trimestrielles avec les ministères concernés pour coordonner la gestion des épidémies de maladie ver de guinée ;
- impliquer la direction de santé communautaire dans la formation des agents de santé communautaire et sur la communication pour le changement de comportement afin d’interrompre la transmission de la maladie ;
- organiser un atelier de réflexion sur les stratégies de communication utilisée dans la lutte contre la maladie de ver de guinée ;
- renforcer les mécanismes de détection précoce de la maladie ;
- renforcer la sensibilisation au niveau des écoles ;
- organiser au moins une session de formation pour renforcer les compétences des agents de terrain ;
- renforcer le plaidoyer pour obtenir un financement des activités transfrontalières ; plaider pour le financement du plan de communication sur la lutte contre le ver de guinée ;
- collaborer avec le Ministère pour introduire les indicateurs lié à la maladie de ver de guinée dont le financement basé sur la performance ; former tous les agents du ministère de la santé de niveau 3 ;
- impliquer la direction de la vaccination de la lutte contre la maladie de la surveillance épidémiologique intégrée des maladies à la revue annuelle.